Le grand saut

Quand j'étais petite fille, je voulais être vétérinaire pour Chimpanzés. Un jour ma soeur m'a dit " Non mais tu sais y'en a que tu ne pourras pas sauver, donc forcément tu vas en voir mourir". Du coup, j'ai voulu devenir traductrice.
Tout le collège, je répétais que je voulais être traductrice, on était 3 copines à vouloir le devenir. Genre bestah sistah du métier, à la plus grande joie de M. Bigot, le prof d'anglais qui nous kiffait.
Puis j'ai rencontré Mme C., conseillère d'orientation,( que j'ai longtemps soupçonné de fumer la moquette du CDI. Mais impossible de vérifier : je n'ai jamais posé les pieds au CDI) qui m'a clairement dit que si je ne voulais pas rester dans le lycée de secteur, il fallait que je choisisse une option farfelue rare qui m'obligerait à partir à la ville: Perigueux ( oui mais je savais pas à l'époque....).
 Du coup, j'ai choisi Portugais en LV3, en imaginant parfaitement  une vie future qui consisterait à traduire un jour un roman de Paulo Coelho, sur ma terrasse surplombant Rio de Janeiro, dans un déguisement à plume avec un air de Samba dans les oreilles. (Quelqu'un a parlé de cliché?)
Le lycée a été riche en rebondissements dans l'élaboration de mes projets professionnels (kikoo la fille qui passe de S à L au milieu de l'année de première)...
 Du coup, en terminale, alors qu'il fallait faire des vœux, j'ai découvert le magnifique site internet de l'ONISEP. Vous connaissez? Pour les néophytes, il s'agit du portail d'information et d'orientation des lycéens. Tout est magique sur ce site. Déjà, il y a des fiches métier, qui te vendent vraiment du rêve et même le détail de certaines formations professionnelles...mon exemple préféré 
Et surtout il y a des quizz orientation qui sont censés cerner tes désirs, ton tempérament. J'ai fait ce quizz une fois, à la fin, j'avais le choix entre Thanatopractrice et Patissière.
Naturellement, j'ai choisi de tenter l’école Boulle. A l’époque j’étais déjà branchée fabrications improbables. J'ai attendu, attendu, l'admission n'est jamais venue. Du coup, je me suis retrouvée parachutée en fac d'histoire/lettres modernes. Une erreur. Maintenant je le sais.
Un jour, alors que c’était un peu le désert dans ma vie étudiante, à tous les niveaux (cours par correspondances, dans mon trou à rat studio dans une ville où je ne connaissais pas grand monde, meilleures amies loin etc.) , alors qu'on avait un peu abusé de Coteaux du Layon, D. et E. sont tombés d'accord : je devais tenter le concours infirmier, c'était fait pour moi. J'ai d'abord pouffé. Puis j'ai envisagé sérieusement la chose. En effet, je savais que je n'allais jamais devenir prof de français (trop près des ados), ni journaliste (rejetée par mon père), ni  la nouvelle Arielle Boulin (trop Roselyne Bachelot style) . Du coup j'ai tenté le concours.Je l'ai eu.
Du coup, c’était quitte ou double : je me lançais dans un métier que je connaissais très peu et auquel je n'avais jamais pensé. (Que celui qui a vu une analogie avec véto pour chimpanzés se dénonce). Malgré tout ce que j'ai pu en dire, là ou encore là, ça m'a plu. Les 3 ans qui viennent de s'écouler sont sans doute ceux qui ont eu le plus d'impact dans ma vie. Ce fut long, épique, épuisant mais pas si terrible.
Il y a 2 jours, j'ai reçu mon diplôme d'Etat d'Infirmier.
J'ai comme l'impression que ça y est... que je ne peux plus reculer...
ET JE FLIPPE MA MAMAN.
Finalement je veux bien devenir Thanatopractrice, y'a moyen de revenir en arrière Mr ONISEP? Non parce qu'au moins je ne risquerai pas de tuer les gens!
Bon, l'avantage c'est que je n'ai pas encore cherché trouvé de travail, donc j'ai du répit, et eux aussi.
J'ai d'ailleurs une pensée toute particulière pour A. et E.,  mes amours qui commencent demain. Courage, vous êtes formidables.
Comme je n'aime pas écrire d'articles sans photo, et comme je n'ai pas prévu de vous montrer ma cabine avec mon chapeau de diplomée (si si comme aux zuessa), j'ai choisi de vous montrer la meilleure infirmiere de tous les temps.

Pauline, Infirmière diplômée d'Etat