vendredi 7 avril 2017

L'indécision

Mes petits chatons mignons, vous m'avez manqué.
Aussi, j'ai à peu près mis 3 mois à retrouver comment me connecter à mon interface de blog alors même si des idées sont venues, j’étais dans l'incapacité de les partager avec vous ( moi et l'internet, tout un programme).

Je me rends compte alors que mon dernier article parlait de politique, je déclamais mon amour pour F.Fillon, et nous étions pourtant à l'aube de découvrir toutes ses frasques  judiciaires.

Aujourd'hui encore, je crois que je vais parler politique. Veuillez m'excuser par avance ceux qui s'en carrent, mais c'est vraiment difficile de passer outre cette campagne électorale depuis quelques mois.
Donc, vas y, va t-en si ça ne t’intéresse pas, je ne t'en voudrai pas.

Donc, l'indécision.
Plus je vieillis, plus je suis indécise.
Je vais te donner un exemple pour que tu te rendes compte.
Au mois de janvier, j'ai dû commander ma cuisine chez Leroy Merlin. Elle était enregistrée depuis belle lurette dans mon ordinateur, j'avais dompté le logiciel pas-du-tout-intuitif, je connaissais le nom de toutes les parties des caissons, j'étais bilingue de la façade, joue externe, crédence et autre bavette de plinthe. Donc sûre de moi, je me suis rendue dans le magasin , j'ai rencontré le gentil (et très très choupinou) vendeur au nom breton et je me suis mentalement dit qu'en  une heure ça allait être plié. (et aussi que peut être c’était l'homme de ma vie).
J'ai commencé alors par briller avec ma maîtrise du logiciel, j'ai ensuite affirmé avec aplomb le modèle que je voulais et je lui ai dit "emballé c'est pesé".
Et là, il m'a dit "Oui enfin pas tout à fait". Soudain, j'ai sans doute rosi des joues en imaginant que la dernière étape était qu'il me file son 06.
Il a alors ajouté "Faut choisir l’évier et le mitigeur".
Ha. Ok, pas de 06.
On s'est gentiment dirigé vers les éviers, et là, sans mentir, devant moi s'élevait un mur IMMENSE avec que des lavabos. (En fait je dis "sans mentir" mais en même temps j'imagine que tu es déjà rentré dans un magasin de bricolage et que donc tu sais de quoi je parle).  Au pied du mur, un champ de mitigeurs. Autant vous dire que la panique m'a prise et que j'ai vite oublié les jolies pommettes du breton.
C'est à ce moment précis que tout a basculé et que je me suis dit que j'allais sans doute faire la fermeture du magasin.
Qu'est ce que j'en savais moi de ce qu'il fallait prendre? Parce que d'accord, il y a ce qu'on voudrait prendre, mais il y a surtout ce qu'on ferait mieux de prendre. 
L'evier blanc en résine pas cher irait bien avec le plan de travail, oui oui oui, sauf que je sais ce que ça donne la résine blanche car dans la minuscule salle de pause au boulot y'a un truc similaire absolument pourri et taché alors que ça fait à peine 2 ans.
L'evier noir en granit il est beaaaau mais il coûte plus cher que la cuisine complète.
Et puis lui là, il a une bonde vachement belle, ah oui mais il est fragile selon le breton.
Finalement, après 25 minutes de crise comitiale, j'ai fait ce que j'ai l'habitude de faire ; j'ai dit au vendeur "Vous prendriez lequel vous?". Souvent les gens pas sympas et pas du tout aidants répondent "C'est vous le client, je ne peux pas choisir à votre place blabla c'est vous qui voyez"...oui ben si je te demande ducon c'est bien que ton avis m'importe.
Bon, ben le breton il m'a dit "Celui là.". (Je l'aimais de plus en plus)
Nous nous sommes alors retournés et là, devant moi, environ 80 modèles de robinets qui se ressemblaient tous. Le vendeur, fort de notre expérience récente m'a laissée là quelques instants pour que je débatte en moi-même et surtout pour qu'il aille amenuiser la file d'attente qui s’était formée devant son comptoir. Je pense que j'ai mis 30 minutes à choisir. Si bien qu'à la fin j'avais des étoiles dans les yeux à force de voir la réverbération des néons sur l'inox brillant de tous ces tubes. D'ailleurs, j'ai pris le seul qui n’était pas brillant.
J'ai retrouvé mon petit vendeur, il m'a dit de m’asseoir à coté de lui pour la liste d'achat, j'ai dit oui avec plaisir. Il a tout calculé, tout coché, tout commandé, j'ai payé (enfin j'ai déposé mon rein à la caissiere plutôt), et je suis partie.
The End.
(Un jour peut-être je vous ferai l'épilogue armoricain avec le lave vaisselle qui dépasse mais c'est pas le propos).


Tout ça pour dire qu'avoir le choix me met en difficulté; choisir entre 2 jeans, choisir entre 2 parfums de bougie, choisir entre 2 camemberts , tout ça, je gère. Ce sont des choix que j'ai l'habitude de faire, et même si je fais le mauvais, au final, les conséquences seront minimes.
Etre indécis dans la vie de tous les jours n'est pas un problème, c'est même plutôt rigolo et ça laisse une part d'imprévu plutôt agréable.

Le problème survient souvent quand on sait qu'il y a un décalage entre ce que l'on doit choisir et ce que l'on veut vraiment choisir.
Bon, et bien voilà. C'est mon problème pour les élections approchantes.
Et quelque chose me dit que je ne suis pas la seule dans ce cas.
Donner sa voix pour un candidat, ce n'est pas choisir entre le carpaccio de veau et la salade nordique. C'est contribuer à faire élire quelqu'un avec qui on a des valeurs communes, qui représente notre façon de voir l'avenir politique de la France.
Et en même temps, quelque chose en moi me dit que voter pour un "petit candidat", c'est donner de l'ampleur à tous les idiots qui vont voter Le Pen ou Fillon. J'ai peur de me sentir responsable d'un duo vomitif au 2ème tour.
Donc chaque jour, j'oscille, je suis finalement de plus en plus indécise.
Est-ce que je vote pour un candidat dans lequel je n'ai absolument pas confiance, pour essayer d'éviter le pire, ou bien est-ce que je reste droite dans mes bottes et que je vote par conviction?
Alors je demande aux personnes qui m'entourent, mais évidemment, ça ne marche pas comme avec l'évier (car désolée de vous l'apprendre mais le breton ne fait pas partie de mon entourage proche et donc n'a pas pu me dire "Poutou."), car j'ai des convictions, mais aussi des craintes, donc l'avis (même très éclairé) des autres ne m'aide pas à faire mon choix.

Bref, c'est compliqué.

Pauline