jeudi 12 octobre 2017

J'ai lu Biba

Mes petits lapins béliers,
Comme vous le savez peut-être, j'ai une seule passion dans la vie ; m'inquiéter de ce que les inconnus pensent de moi et essayer de controler l'image que je renvoie. C'est complètement con, ça ne sert à rien, ça n'apporte rien, ce sont des gens à qui je ne parlerai jamais,bref, j'aurais mieux fait de faire du cheval. Avoir hâte d'être mercredi après-midi pour brosser la crinière de Tonnerre de Brume ça, c'est une vraie passion.

Donc cette gentille habitude accompagne mon quotidien.  Y compris à Géant Casino. J'ai tendance à penser que les caissières, qui n'ont évidemment que ça à foutre, analysent nos achats et nous jugent en fonction.
Genre le mec qui passe avec une bouteille de whisky et un paquet de curly, tu sais qu'il va en soirée. La fille qui achète 1 tomate, 1 carotte ,1 cuisse de poulet , 1 dvd de Love Actually et 3 paquets de croquettes pour chats, tu compatis...
Hier, j'avais 2 trucs à acheter pour compléter mes courses car évidemment lundi pour les courses officielles je n'avais pas fait de liste (ma sœur dirait que "Les chiens ne font pas des rats" sic.).
Donc, les 2 trucs en question : du riz à sushis et des bandes de cire froide. Deux trucs absolument anodins, pas du tout passionnants (je ne sais même pas pourquoi je suis en train d'écrire ça...). Mais du coup, ça m'a perturbé de passer à la caisse avec ça. Juste ça.
Oui je suis dingo. Merci, vous ne m'apprenez rien.
Décidée à trouver un article tiers, je suis passée devant le rayon presse. Et je me suis dit que j'allais prendre un énième magazine de déco où tout se ressemble.
Puis j'ai vu Biba. en tête de gondole, à coté de Nous Deux et du Chasseur Français.
J'ai repensé avec émotion à cet après midi dans un café de Chisinau avec Alice où, pour masquer les bruits de siphonnage que faisait le couple derrière nous en se roulant des galoches monumentales, nous nous sommes amusées à faire les tests Biba sur leur site web en parlant très fort.  Je me suis rappelée que c’était vraiment débile et réducteur mais qu'on avait bien rigolé.
Alors je l'ai pris.
Et je suis passée à une caisse automatique...

Je suis rentrée, je me suis servie un verre de vin, et j'ai commencé ma lecture.

Petite revue de presse

Premiere page :
Bim, direct, Natalie. Qui apparemment, par amour, est prête à se parfumer et à se rouler dans un vieux tapis de salle de bain. Moi, par amour, éventuellement j'admets que l'autre a raison ou je partage ma sauce Creamy deluxe.
L'avantage, c'est qu'en commençant par une double page de publicité, Biba est honnête quant à son contenu. Sur 199 pages j'ai compté 67 pages de Pub. Et c'est du tout venant : ça va de Gucci à la Vache qui rit en passant par de la Clairette de Die ou la Smatis.

S'ensuivent quelques pages de "repérage d'objets ou accessoires tendance" avec par exemple un porte-clé dégueulasse à 140€.
Quelques pages culture avec pour certaines des commentaires assez minimalistes du genre "Allez voir ce spectacle, il est bien" ou "Ecoutez ce disque, c'est joli".

Et puis cette page  :
Un micro-trottoir fait aux hommes. Il y a 2 pages de témoignages presque mignons et à peine orientés (tu ne sens pas du tout qu'ils savent qu'ils seront publiés dans un magazine féminin et qu'il ne veulent pas passer pour des crevards)...Alors que la réponse est simple comme bonjour. Oui. Dans la plupart des cas Oui. Un garçon ça passe à vite à autre chose. La PS3 elle est vite oubliée quand la PS4 sort. Ben là pareil. Point barre, ça ne mérite pas 2 pages. 

Ensuite plusieurs articles enfonceurs de portes ouvertes qui t'expliquent qu'en gros, pour aller mieux, il faut manger des céréales complètes et se faire des câlins. Merci beaucoup.

Et puis une de mes pages préférées :
Encore un micro-trottoir passionnant où des nanas te racontent avec une pointe de honte qu'elles ne font pas de running, qu'elles adorent la viande rouge ou qu'elles ne sont pas inscrites sur Tinder. (3 items choisis au hasard, toute ressemblance avec moi même serait fortuite.) Mais en fait c'est où que ça a merdé le monde??? Depuis quand doit-on s'excuser de se différencier un peu de la masse de moutons qui se font dicter leur vie par les tendances? Et puis depuis quand des goûts alimentaires devraient être "dans l'air du temps"? Au secours. 

Bref, la colère qui me gagnait est vite retombée quand j'ai tourné la page "Biba Test". 
En plus, ça partait plutot bien, le thème m'inspirait. J'ai attrappé un crayon et j'ai commencé ; imaginant pouvoir l'envoyer par courrier à Alice pour qu'elle fasse aussi ses petites croix et me communique son résultat. Bon, ben à partir de la 3eme question, ils considèrent que tu as un mec. Apparemment la fille célibataire n'existera pas dans 10 ans. Tant pis, je vous aimais bien.
Donc, ben....j'ai tourné la page, et j'ai renoncé à l'envoyer à Alice. 

Continuant à humecter mon index pour pouvoir aisément tourner les pages, je suis arrivée aux pages Mode. Et là, je suis restée dubitative. 
Voici une photo parmi tant d'autres du même acabit:
Je ne sais pas à quel moment on a supprimé les garde-fous dans la mode mais là, sérieux j'ai l'impression de voir la photo de classe de 4eme de ma sœur. Et puis j'ai pensé à Sebastien et notre conversation sur les cols roulés. 

Après la catégorie Mode, il y a 25 pages sur le maquillage et les crèmes de beauté. Ils ont de la ressource en matière de merdouilles petrochimiques parce que j'imagine qu'il y a 25 pages TOUS LES MOIS avec des produits différents, tous mieux les uns que les autres. Evidemment.

Et pour finir, à la fin du magazine , il y a la catégorie un peu Random où se mélangent des informations  très intéressantes. Quinté dans le désordre :

1/ Pourquoi pas mettre le trottoir de la pizza laissé de coté par les gosses dans la salade du lendemain (j'ai failli rendre)
2/ la bonne idée du "sex toy matrimonial" ( 66€ si jamais y'a des intéressés)
3/ la nouvelle litière pour le chat révolutionnaire (ça pue toujours la mort, hein, donc pas si révolutionnaire)
4/ la super invention pour boire du café chaud : le thermos (wouahou, heureusement j’étais assise)
5/ le comparatif des meilleurs magasins bios  (en conclusion: ils sont tous bien, merci beaucoup pour le travail d'investigation)

En dernière page, comme récompense d'avoir subi toutes ces atrocités , il y a l'Horoscope ; last but not least. Pour le plaisir des yeux et en hommage à Elisabeth Tessier , voici la page complète rien que pour vous. 

Comment mieux tomber? c'est mon signe qui est au premier plan.
Bon, ben triste constat, au final, comme pour le test, sans mec, les étoiles ne sont pas avec toi. 
Je dois avouer que pour la question financière, Biba a vu juste, je n'ai pas de thune. Mais bon, permettez-moi de douter de la science astrologique là dedans car, octobre, c'est le mois où la France entière n'a pas de thune : entre les impôts sur le revenu, la taxe foncière et la taxe d'habitation , on a beau voir à long terme comme le suggère la dame à la boule de cristal, on tape tous la bise à notre vieux copain Agio.

Voilà, j'ai refermé Biba. Un grand moment, une expérience sociologique inattendue. 
1.90€ de psychologie, de culture, de bons tuyaus...
Bref, j'aurais mieux fait d'acheter le Chasseur Français.



Pauline

lundi 17 juillet 2017

Les femmes de ma vie : Episode 1

Alors, mon petit chat, je tiens à te prévenir, tu t'apprêtes à lire un article un peu tarte à la fraise, suant de bonnes intentions, bref, à la fin il y a des chances pour que tu voies un arc-en-ciel en marshmallow traverser ton écran.
Fuis donc maintenant si tu l'oses.

Donc, déjà , pour info, je n'ai prévu de parler :
-ni de ma mère : ok elle est +/- mignonne mais écrire sur elle serait l'entreprise d'un mois, et je travaille cette après-midi.
-ni de ma sœur : même si je l'aime d'amour, j'ai déjà fait son éloge funèbre ici en 2013 donc une fois par décennie ça va bien suffire (enfin j'y songerai de nouveau quand elle décidera de se séparer de sa voiture , on ne sait jamais, sur un malentendu, elle pourrait avoir envie de me la donner après une déclaration d'amour).
-ni de mon coming out :Scarlett Johansson et Emma Watson étant je pense, les deux seules nanas pouvant potentiellement me faire changer de bord, j'attends d'abord d'en rencontrer l'une d'elles pour sortir du placard.

Donc, reprenons. 
Les femmes de ma vie.
En fait, quand je fais l'inventaire de mes amis, et ce depuis la cour de récré, je me rends compte que je n'ai toujours eu que des filles dans mon cercle restreint. Même si je rigole beaucoup avec les garçons, au final, quand je compte les gens que je voudrai voir à la table d'honneur de mon mariage (oui je compte ce genre de choses, après un épisode d'Ally Mc Beal, en mangeant une glace) , je constate qu'il y aura beaucoup de robes. <= Tu notes que j'emploie le futur, et non le conditionnel à propos de mon mariage : habile technique pour rappeler que l'espoir fait vivre bichon.
Je ne l'explique pas trop, c'est sans doute le hasard, peut être la facilité ou bien un choix inconscient qui me font plus facilement lier une amitié avec mes congénères. 

Elles sont nombreuses ces nanas là, de tout horizon, de tout âge, de tout style. J'en connais certaines depuis 20 ans, d'autres 2 ans ... Une vraie société civile macronesque. 
Elles ont le point commun d'être hyper belles, évidemment drôles et assurément fidèles.
Et comme je sais qu'elles ne sont pas jalouses, j'ai alors décidé de vous faire le portrait de certaines d'entres elles, sans ordre de préférence, juste quand l'inspiration me vient. Peut être que le prochain sera dans 10 ans, je ne peux rien garantir.

Aujourd'hui, je vais donc commencer par Alice. 
Une des deux. Parce que oui, en plus j'ai un doublon. (C'est le seul, heureusement parce que ça m'angoisse.) 

PROLOGUE;
J'ai rencontré Alice pour la premiere fois il y a 10 ans à l'entrée en terminale. Je l'avais évidemment repérée, quelque temps avant et, avec Elodie, on avait convenu qu'elle avait tout pour nous agacer : belle , démarche élancée, goûts vestimentaires respectables, souriante, et, selon nos sources, brillante et modeste. Bref, la bitch par excellence.
Finalement, j'ai rapidement ravalé ma rancoeur sur les injustices de la vie, et j'ai eu un coup de foudre amical pour cette petite bichette. 
En plus de toutes les qualités ci-haut citées, j'en découvrai d'autres décisives : son goût pour les bonnes notes et les Kinder bueno, et sa langue de vipère très acérée. 
Ainsi naquit notre amitié.
Premiere photo de nous en 2008, avant qu'on se ramasse au bac 

PORTRAIT:

Alice elle est loindonnienne. C'est à dire qu'elle habite à Londres, mais c'est beaucoup trop loin pour moi. A l'origine, c'est une nana du sud-ouest, elle a l'itinéraire résidentiel proche de celui d'un canard gras, mais grâce au ciel elle n'en a pas l'accent (du sud ouest, pas du canard) mais elle l'imite à merveille (l'accent, pas le canard)(quoique). 

Alice elle est incollable sur plein de sujets variés : les chansons de Diam's, les variétés de Chips Lays, les capitales des Pays d'Afrique, les sanitaires scouts et les émissions d'NRJ 12.

Alice, elle marche vite. Déjà, elle a les jambes d'Adriana Karembeu (couplées des fesses de Beyoncé) donc forcément ça agrandit la foulée, mais je reste persuadée qu'en plus, elle s’entraîne inconsciemment depuis sa tendre enfance au marathon de NY. Elle est difficile à suivre, du coup, comme elle a pitié de mes jambes de Passe-Partout, elle ralentit quand elle est avec moi.

Alice elle écrit comme une héroïne de Jane Austen, à chaque fois que je la lis, je l'imagine tremper une plume d'oie dans un encrier. Je la lis souvent d'ailleurs, car elle est la seule amie avec laquelle j'entretiens une relation épistolaire (bon et aussi un peu whatsapp pour les trucs un peu plus urgents). Et à chaque ouverture de courrier, sans mentir, c'est une explosion émotionnelle, que ce soit dans le choix des cartes ou dans les récits rocambolesques.  

Alice elle a potentiellement toujours faim (mais pas spécialement d'une pomme) et soif (mais pas spécialement d'eau).Bien boire et bien manger sont plus que ses fondamentaux, c'est sa philosophie de vie. (Evidemment elle est ultra bien foutue malgré tout ce qu'elle s'enfile). 

Alice, c'est la personne la plus brillante que je connaisse. Elle m'éblouit souvent par sa culture, sa logique et son sens de l'orientation. Je me sens honorée d'être son amie moi qui jouis d'un savoir dans la norme. 

Alice, elle n'est absolument pas photogénique. Un peu de justice dans ce monde! Elle est absolument sublime mais les appareils photos ne la flattent jamais trop. Il faut faire 15 clichés avant d'avoir un truc potable. Pour la consoler, je lui dis souvent que c'est mieux dans ce sens là que l'inverse. Je rêve d'ailleurs de faire une photo regroupant mes amis beaux mais pas en photo : J'ai un petit trio en tête : Camille, Benjamin, et Alice. 

Alice, elle est un poil étourdie. Elle a perdu environ 47 fois ses papiers depuis qu'elle en est responsable.Si bien qu'il n'y a pas longtemps, j'ai rêvé qu'elle s’était faite tatouer le numéro vert pour faire opposition à sa carte bancaire au pli du coude.

Alice, elle est un peu comme Brigitte Bardot , si on oublie la carte au FN et la gueule en travaux. C'est l'amie des bêtes, elle ne recule devant aucune caresse , même le chat le plus miteux à le droit à son petit lot d'affection.

Alice, c'est une super partenaire de voyage. Même si elle est très mauvaise pour choisir les hotels, on est toujours en phase pour les pays à visiter ou les musées à fuir. D'ailleurs, on repart bientôt. 

Alice, elle prend soin de moi. Elle prend toujours le temps de me répondre, de me distraire, de me consoler, de me motiver, de me faire rire. 

Alice, la veille du bac, m'avait remis une cocotte en papier sur laquelle était inscrite une multitude de compliments à mon égard tous étudiés et touchants. J'avais dû, à l'époque répondre par un "Merci" niais, absolument pas à la hauteur de ses mots. 

Alice, hier encore, m'a dit des mots jolis qui m'ont convaincue de commencer par elle cette série de portraits. 

C'est donc une de mes amies les plus chères, je remercie très souvent le logiciel de répartition des classes qui cet été de 2007 a permis que naisse une amitié si exceptionnelle. 
Je re-signe pour 10 ans, même 20 même 30. 
D'ici là, on habitera de nouveau ensemble, et notre maison aura une allure d'arche de Noé.

Bref, je l'aime d'amour.
C'est une des femmes de ma vie.
Derniere photo de nous en 2016, merci les filtres beauté


En exclusivité , son mantra. 
"T'as faim? Mange des chips. 
T'as mal à la tête? Mange des chips
T'as mal au ventre? Mange des chips
T'as la nausée? Mange des Chips
T'as trop mangé de chips? Continue, c'est que tu manques d'entrainement."


samedi 8 juillet 2017

L'attendre

Mes petites perruches multicolores, en ce samedi moite chaud de juillet, je reviens vers vous pour vous raconter une histoire.
C'est pas la plus gaie, mais c'est mon histoire.
Il y a quelques mois, j'ai fait une rencontre qui est venue chambouler le cours de mon existence.
Je ne m'y attendais pas trop, un jour de février, c'est venu assez soudainement, et ça a bouleversé mon quotidien.
Au premier regard, j'ai su que potentiellement un bel avenir se dessinait entre nous.
Frileuse, et sceptique, j'ai rapidement demandé conseil autour de moi à des amis un peu plus expérimentés, et comme, unanimes, ils m'ont dit de ne pas me poser de questions et de foncer, j'y suis allée.
Je me suis plongée dans l'aventure, sans filet, en ne prenant que le meilleur.
Evidemment, au début, nous avons fait face à deux à quelques difficultés, quelques imprévus, quelques particularités qui à un moment donné m'ont donné envie de me rapprocher du cuisiniste breton, mais globalement, on a vite  mené la belle vie tous les deux, très indépendants l'un de l'autre, certes, mais j'étais ravie de le retrouver le soir.
Je n'avais alors jamais imaginé que je pouvais être si comblée. Le bonheur. C’était le bonheur.
Bien que lui n’étant pas très loquace, il semblait plutôt heureux aussi.
Je m'efforçais de ne pas lui donner de surnom en public car j'avais peur d'être ridicule auprès de mon entourage mais j'avais plein d'idées dans ma tête.
Comme toute relation, il y a eu quelques petites incompréhensions entre nous. Mais grâce aux conseils de mon amie Emmeline, j'ai pu apaiser les tensions.
Courant du mois de mai, il a commencé à me poser de nombreux lapins, sans me donner de raisons valables. Il restait mutique, sans aucune explication, mais n’était pas aux rendez-vous.
J'ai commencé à m'inquiéter, je ne voulais pas trop le solliciter par peur de le faire fuir, mais en même temps j'avais besoin de réponses pour comprendre ce qui dysfonctionnait.
Mes amis me disaient d'attendre, que ce n'etait sans doute pas grand chose.
J'ai alors fini par prendre le taureau par les cornes. Comme lui ne voulait rien me dire, j'ai posé les questions aux bonnes personnes.
Cela m'a coûté du temps, de l'argent, de la colère mais j'ai enfin eu ma réponse.
La sentence est tombée courant du mois de juin : le problème ne venait pas de moi, ni de lui, un paramètre extérieur entraînait la fin de notre relation.
Rien de définitif en apparence. Je devais attendre.
Mes amis, les mêmes qui m'avaient dit "go for it", m'ont tous dit alors l'un après l'autre que -comme tous ses congénères- il n’était pas digne de confiance, que je trouverais mieux, que je méritais mieux etc.
 Mais à ce moment précis je n'avais pas envie d'entendre tout cela. Je voulais qu'il revienne et qu'on reprenne où on s’était arrêté.
A ce jour, 8 juillet, j'attends toujours un signe de sa part.
J'apprends à vivre sans lui, je retrouve, non sans tristesse, ma vie d'avant.
Je sais qu'il est là, pas loin, mais que pour le moment il ne peut pas faire plus pour moi.
Alors j'espère, chaque jour.
Et c'est pas facile facile.

Tu me manques Indesit, mon petit amour de lave-vaisselle.






vendredi 7 avril 2017

L'indécision

Mes petits chatons mignons, vous m'avez manqué.
Aussi, j'ai à peu près mis 3 mois à retrouver comment me connecter à mon interface de blog alors même si des idées sont venues, j’étais dans l'incapacité de les partager avec vous ( moi et l'internet, tout un programme).

Je me rends compte alors que mon dernier article parlait de politique, je déclamais mon amour pour F.Fillon, et nous étions pourtant à l'aube de découvrir toutes ses frasques  judiciaires.

Aujourd'hui encore, je crois que je vais parler politique. Veuillez m'excuser par avance ceux qui s'en carrent, mais c'est vraiment difficile de passer outre cette campagne électorale depuis quelques mois.
Donc, vas y, va t-en si ça ne t’intéresse pas, je ne t'en voudrai pas.

Donc, l'indécision.
Plus je vieillis, plus je suis indécise.
Je vais te donner un exemple pour que tu te rendes compte.
Au mois de janvier, j'ai dû commander ma cuisine chez Leroy Merlin. Elle était enregistrée depuis belle lurette dans mon ordinateur, j'avais dompté le logiciel pas-du-tout-intuitif, je connaissais le nom de toutes les parties des caissons, j'étais bilingue de la façade, joue externe, crédence et autre bavette de plinthe. Donc sûre de moi, je me suis rendue dans le magasin , j'ai rencontré le gentil (et très très choupinou) vendeur au nom breton et je me suis mentalement dit qu'en  une heure ça allait être plié. (et aussi que peut être c’était l'homme de ma vie).
J'ai commencé alors par briller avec ma maîtrise du logiciel, j'ai ensuite affirmé avec aplomb le modèle que je voulais et je lui ai dit "emballé c'est pesé".
Et là, il m'a dit "Oui enfin pas tout à fait". Soudain, j'ai sans doute rosi des joues en imaginant que la dernière étape était qu'il me file son 06.
Il a alors ajouté "Faut choisir l’évier et le mitigeur".
Ha. Ok, pas de 06.
On s'est gentiment dirigé vers les éviers, et là, sans mentir, devant moi s'élevait un mur IMMENSE avec que des lavabos. (En fait je dis "sans mentir" mais en même temps j'imagine que tu es déjà rentré dans un magasin de bricolage et que donc tu sais de quoi je parle).  Au pied du mur, un champ de mitigeurs. Autant vous dire que la panique m'a prise et que j'ai vite oublié les jolies pommettes du breton.
C'est à ce moment précis que tout a basculé et que je me suis dit que j'allais sans doute faire la fermeture du magasin.
Qu'est ce que j'en savais moi de ce qu'il fallait prendre? Parce que d'accord, il y a ce qu'on voudrait prendre, mais il y a surtout ce qu'on ferait mieux de prendre. 
L'evier blanc en résine pas cher irait bien avec le plan de travail, oui oui oui, sauf que je sais ce que ça donne la résine blanche car dans la minuscule salle de pause au boulot y'a un truc similaire absolument pourri et taché alors que ça fait à peine 2 ans.
L'evier noir en granit il est beaaaau mais il coûte plus cher que la cuisine complète.
Et puis lui là, il a une bonde vachement belle, ah oui mais il est fragile selon le breton.
Finalement, après 25 minutes de crise comitiale, j'ai fait ce que j'ai l'habitude de faire ; j'ai dit au vendeur "Vous prendriez lequel vous?". Souvent les gens pas sympas et pas du tout aidants répondent "C'est vous le client, je ne peux pas choisir à votre place blabla c'est vous qui voyez"...oui ben si je te demande ducon c'est bien que ton avis m'importe.
Bon, ben le breton il m'a dit "Celui là.". (Je l'aimais de plus en plus)
Nous nous sommes alors retournés et là, devant moi, environ 80 modèles de robinets qui se ressemblaient tous. Le vendeur, fort de notre expérience récente m'a laissée là quelques instants pour que je débatte en moi-même et surtout pour qu'il aille amenuiser la file d'attente qui s’était formée devant son comptoir. Je pense que j'ai mis 30 minutes à choisir. Si bien qu'à la fin j'avais des étoiles dans les yeux à force de voir la réverbération des néons sur l'inox brillant de tous ces tubes. D'ailleurs, j'ai pris le seul qui n’était pas brillant.
J'ai retrouvé mon petit vendeur, il m'a dit de m’asseoir à coté de lui pour la liste d'achat, j'ai dit oui avec plaisir. Il a tout calculé, tout coché, tout commandé, j'ai payé (enfin j'ai déposé mon rein à la caissiere plutôt), et je suis partie.
The End.
(Un jour peut-être je vous ferai l'épilogue armoricain avec le lave vaisselle qui dépasse mais c'est pas le propos).


Tout ça pour dire qu'avoir le choix me met en difficulté; choisir entre 2 jeans, choisir entre 2 parfums de bougie, choisir entre 2 camemberts , tout ça, je gère. Ce sont des choix que j'ai l'habitude de faire, et même si je fais le mauvais, au final, les conséquences seront minimes.
Etre indécis dans la vie de tous les jours n'est pas un problème, c'est même plutôt rigolo et ça laisse une part d'imprévu plutôt agréable.

Le problème survient souvent quand on sait qu'il y a un décalage entre ce que l'on doit choisir et ce que l'on veut vraiment choisir.
Bon, et bien voilà. C'est mon problème pour les élections approchantes.
Et quelque chose me dit que je ne suis pas la seule dans ce cas.
Donner sa voix pour un candidat, ce n'est pas choisir entre le carpaccio de veau et la salade nordique. C'est contribuer à faire élire quelqu'un avec qui on a des valeurs communes, qui représente notre façon de voir l'avenir politique de la France.
Et en même temps, quelque chose en moi me dit que voter pour un "petit candidat", c'est donner de l'ampleur à tous les idiots qui vont voter Le Pen ou Fillon. J'ai peur de me sentir responsable d'un duo vomitif au 2ème tour.
Donc chaque jour, j'oscille, je suis finalement de plus en plus indécise.
Est-ce que je vote pour un candidat dans lequel je n'ai absolument pas confiance, pour essayer d'éviter le pire, ou bien est-ce que je reste droite dans mes bottes et que je vote par conviction?
Alors je demande aux personnes qui m'entourent, mais évidemment, ça ne marche pas comme avec l'évier (car désolée de vous l'apprendre mais le breton ne fait pas partie de mon entourage proche et donc n'a pas pu me dire "Poutou."), car j'ai des convictions, mais aussi des craintes, donc l'avis (même très éclairé) des autres ne m'aide pas à faire mon choix.

Bref, c'est compliqué.

Pauline