lundi 5 octobre 2015

Le passage

Mes petits renardeaux hirsutes,
Vous m'avez manqués. Malgré l'envoi intempestif (au moins) des photos de vos frigos, j'attendais patiemment que l'inspiration me vienne pour pouvoir vous compter fleurette.
Mais finalement, pas d'histoire rocambolesque à vous raconter; seulement un phénomène étrange qui m'arrive.
Rien de paranormal rassurez-vous.
Déjà parce que je suis du genre à faire des cauchemars après avoir visionné Casper, et surtout, parce qu'à part mes rêves complètement "what-the-phoque" en ce moment, il ne se passe rien de flippant dans mon quotidien. (Si on omet bien sur l'ENORME araignée qui est venue me visiter la semaine dernière.)

Revenons à nos moutons : le phénomène étrange.

Tout a commencé à la fin de l'été. Un matin, en allant au travail, j'ai cherché une piste de radio. Je suis tombée sur France Inter. Faute de trouver mieux, j'ai laissé. Je me suis alors prise de passion pour ce que racontait l'économiste interviewé ce jour là. Si bien qu'une fois garée sur le parking de mon lieu de travail, je serai bien restée dans ma voiture à l'écouter jusqu'au bout. Depuis ce jour, il m'arrive très régulièrement en rentrant chez moi, de lancer le replay de l'émission de Patrick Cohen. Elle m'a semblé si loin l'époque ou j'écoutais Bruno Guillon sur Virgin Radio.

Peu de temps après, je me suis rendue compte que j'étais amie avec A. et A-S. depuis 10 ans. 10 ans de love inconditionnel, correspondants à notre entrée en seconde au lycée Laure Gatet. J'ai d'abord eu l'impression que c’était hier, puis je me suis rendue compte que de l'eau avait coulé sous les ponts depuis.

Ensuite, j'ai appris l'age de la première petite que j'ai baby-sittée : 15 ans 1/2, bientôt 16. 1m85. Dans la foulée, L. a eu 15 ans. Une de mes baby-sittée elle aussi.

Lors d'un échange informel avec mon chef (en fait y'en a pas beaucoup de formels), il a mentionné l'air de rien le chapeau des Catherinettes. Je me souviens, lors de ma tendre adolescence (oxymore?), avoir imaginé que cette tradition à la con aurait disparu à l'aube de mes 25 ans, ou qu'au pire, je serais mariée à Benoit du groupe Kyo. Une bonne dizaine d'années plus tard, Dieu soit loué, mes goûts musicaux ont changé, mais je ne suis pas mariée, et on dirait que cette coutume perdure dans les campagnes charentaises (et périgourdines).

Aussi, j'ai récemment changé certaines habitudes alimentaires. Je bois du café (sans sucre!!) alors que j'ai toujours dit que c’était le pire breuvage qu'il soit. J'aime les trucs amères. Je ne mange plus de BN au petit dej, je préfère des figues avec du muesli. J'essaye d'acheter local et de saison, j'utilise ma cocotte minute (les cuissons sont encore approximatives, je dois être neuneu).

Je me suis rendue compte que je devenais raisonnable. Mon salaire ne passe plus uniquement dans des fringues ou de la déco...non, j'épargne un peu. Et je me maîtrise. Quand j'erre sur le web, je ne regarde plus uniquement Asos.fr , je vais aussi sur les site d'annonces immobilières car je rêve d'avoir une maison. Bon, je redescends vite sur terre, en me rappelant que je n'ai pas de CDI et que surtout je suis au chômage dans 3 semaines. 

Peu après, j'ai remarqué en feuilletant mon livre de chevet préféré : La Redoute, que plusieurs mannequins portaient des pantalons "patte d'ef". Et j'ai prononcé cette phrase "Oh dis donc, ça revient à la mode". J'ai senti que j'avais alors atteint un point de non retour. Cette phrase. Elle est le symbole même du temps qui passe, des muscles qui ramollissent, des cheveux qui blanchissent et des rêves foufous qui s'évanouissent (rien que ça).En la prononçant, j'ai entendu ma mère la dire il y a quelques années, ma tante, ma mamie etc.

Et puis ce weekend, SMS de Mère Denis. Elle m'annonce l'air de rien qu'une de mes copines d'enfance va avoir un bébé. C'est pas la première, certes, mais elle, ça m'a fichue un coup. Si tu passes par là, sache que je t'envoie toutes mes félicitations quand même ;)

Et ce matin, coup de grâce, en me penchant vers mon miroir pour me maquiller, ils étaient là, côte à côte, enlacés, comme invincibles, installés, m'annonçant l’arrivée de leur armée. Deux cheveux blancs.

Je crois que ça y est. Je peux le dire. A 6 semaines de mes 25 ans, je suis vioque.

Pauline, résolument adulte.